samedi 16 décembre 2017

Sur le Proto-Indo-Européen (quora)


Q
Comment savons-nous qu'une langue proto-indo-européenne existait réellement ? Quelles sont les preuves ?
https://fr.quora.com/Comment-savons-nous-quune-langue-proto-indo-europ%C3%A9enne-existait-r%C3%A9ellement-Quelles-sont-les-preuves/answer/Hans-Georg-Lundahl


Hans-Georg Lundahl
assez bon avant en apprentissage des langues
Vient de répondre
"Comment savons-nous qu'une langue proto-indo-européenne existait réellement ?"

Nous ne le savons pas.

D'abord, définissons ce que nous ne savons pas, c'est à dire qu'une seule langue ou des dialectes très proches et pleinement intercomprehensibles ait existé et que les langues de la "famille indo-européenne" soient tous (à part cas extrêmes comme les créoles atlantiques, ayant aussi des influences très fortes d'une langue ou plusieurs de l'Afrique de l'Ouest) plus ou moins issus de cette seule langue ou de ses dialectes très proches.

Ensuite, notons que les "preuves pour" sont retournables dans un autre sens et qu'on a aussi des arguments contre qui sont négligés, expliqués à peu près comme les trait non-indo-européens des créoles atlantiques.

"Quelles sont les preuves ?"

Les preuves qui vont dans ce sens …

… sont des similitudes et surtout des similitudes "filtrés" sur des correspondances de sons plutôt que sur identité des sons. Parfois aussi sur significations apparentées ou inversées plutôt que signification identique. Il s'agit de similitudes pour partie du vocabulaire et pour la morphologie et le syntaxe des plus vieilles langues.

  • Les mots pour les nombres entre un et dix sont les mêmes (pour "un" il y a deux choix, le grec ayant un mot qui en d'autres langues exprime "une foix" - semel - ou "même" - samma - ou "seul"), ainsi que le nombre pour vingt et pour cent.
  • Certains mots pour les parents proches sont les mêmes en plusieurs langues.
  • Pied, Oeil, Genou, Oreille sont le même, doigt réapparait aussi comme "orteil".
  • Environ 500 mots de plus pour des choses diverses.
  • Les désinences personnels actifs sont vraisemblablement les mêmes (le cas douteux pour moi est si tous les deuxième personnes ont un -s ou un -si au début, ou si la désinence lithuanienne en -i n'a jamais eu de S)
  • Les cas sont en grande partie les mêmes, on peut reconstruire un système de 8 cas, avec une coïncidence entre accusatif et allatif dès le début, en supposant qu'il a été affaibli après, en certains branches.


Les preuves qui vont dans un sens inverse, que les langues pourraient avoir origines diverses du début:

  • Les mots pour onze à dix-neuf, les mots pour trente à "nonante"/"quatre-vingt-dix", les mots pour mille diffèrent, ainsi que s'il y a un mot au-delà de mille.
  • Les mots pour bon et mauvais sont différents.
  • Certains mots pour les parents proches ne sont pas les même : fils et fille dans les langues latines, père en lituanien, slavon, hittite, frère et soeur en grec, fils et fille aussi dans les langues celtiques, ça diffère.
  • Tête, main, bras sont différents, ainsi que si main et bras sont le même mot ou deux différents.
  • Les environ 500 mots sont souvent limités à certains branches (il suffit de 3 branches sur 9, et dans ce contexte "italo-celte", "indo-aryen", "balto-slave" comptent comme une seule branche pour reconnaître un mot comme du proto-indo-européen).
  • Certains identifications d'un mot courant attesté avec un des 500 mots sont contestés ou contestables. Car parfois l'un des mots apparentés est trop peu spécifique : si en slave "osa" peut venir de *"wopswa" d'où "aussi" lithuanien "vapsva", latin "vespa" (et donc "guêpe"), anglais "waps" (la forme "wasp" pourrait être influencé par le latin), "osa" garde trop peu du profil commun entre "vapsva", "vespa" et "waps" pour qu'on puisse être sûr.
  • Et parfois, c'est la connection entre les sens qui fait doute. L'anglais "dizzy" apparenté au grec "theos"? Possible, on peut voir en "dizzy" entre autre un effet d'hypnose et en "theos" entre autre une entité capable d'hypnotiser (ou quelque chose pareil). Mais aussi possible que les mots ont par hasard ce qui serait une ressemblance systématique, puisque le "the" on "theos" et le "di" en "dizzy" remonteraient à un *"dhei-" du proto-indo-européen.


Les preuves que les similitudes prouvent trop:

  • Le mot hittite pour père est le même qu'un des mots fenno-ugriens pour père.
  • Les premières, peut-être deuxièmes, quatrièmes et cinquièmes personnes sont quasi pareil en finnois avec l'indo-européen.
  • Pourtant, personne ne songe à prétendre que la langue de Kalevala soit une langue indo-européenne, car les nombres sont très différents, ainsi qu les mots pour parentèle et pour pied, oeil, genou et oreille et la plupart des 500 mots en commun. Donc, si ce genre de similitudes prouveraient une langue commune derrière les deux, alors il faudrait avoir un Nostratique avant le Finno-Ugrien et l'Indo-Européen.
  • Des similitudes quasi "intimes" - comme dans la syntaxe, nous avons évoqué l'identité indo-européenne entre accusatif, le cas de l'objet direct et l'allatif, le cas du lieu vers lequel qqc bouge - peuvent à toute évidence naître aussi par voisinage. Sur Balkan, le grec dimotiki et le roumain partagent une identité dans les noms (il me semble le bulgar pour les pronoms) entre Génitif et Datif. Personne ne songe à dire que dimotiki et roumain sont plus apparenté d’origine que dimotiki et p ex arménien ou roumain est français.


Les preuves théologiques que le scénario présumé n'est pas vrai:

  • Les adeptes de l'indo-européen comme monophylétique se divisent de nos jours entre ceux qui posent la proto-langue en 4000 av. J.Chr. en Russie du Sud et Ukraine (les bouchures de la Volga et du Dnèpre) et ceux qui la posent en 8000 avant Jésus-Christ vers Çatal Höyük et là-bas autour. L'une des dates est avant le déluge, à plus forte raison avant Babel et impossible, l'autre avant la Création.
  • Pourtant, ces identifications peuvent être réinterprétés : les 4000 et 8000 av. J.Chr. sont sur une de mes tables interprétables comme 2202 et 2683 avant Jésus-Christ (dans une autre, basée sur Syncellus plutôt que sur St. Jérôme, comme vers la naissance d'Abraham en 2288 avant Jésus-Christ, ou la naissance de Réü en 2699) - mais alors, aurait-on eu le temps de déjà diversifier avant le grec mycénien du hittite, bien avant 1000 avant Jésus-Christ?
  • En plus, pas mal des branches correspondent pas trop mal à des petit-fils de Noé définis, qui auraient normalement parlé des langues divers (ou plutôt : leur descendance l'aurait fait) juste après Babel. Comment expliquer une descente alors d'une seule langue?

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