vendredi 13 mars 2020

L'héritage de l'Empire


Q
Le fantasme impérial qui persiste en Europe depuis l'Empire Romain est-il un héritage empoisonné ?
https://fr.quora.com/Le-fantasme-imp%C3%A9rial-qui-persiste-en-Europe-depuis-lEmpire-Romain-est-il-un-h%C3%A9ritage-empoisonn%C3%A9/answer/Hans-Georg-Lundahl-1


Réponse demandée par
Eliott Doppia

Hans-Georg Lundahl
féru d'histoire
Répondu just now
Je vois un possible quiproquo dans la question.

La mémoire de l'Empire persiste effectivement "depuis l'Empire Romain" (compté comme "fini 476") donc déjà au Moyen Âge. Si vous vouliez parler d'impérialisme, c'est autre chose. Ça vient plus tard.

Je veux donc répondre pour la mémoire impériale persistante dans la Chrétienté du Moyen Âge.

Je veux d'abord citer quelques mots par Alain Dubreucq, son essai "Le droit romain dans le royaume de Toulouse", la citation est sur p. 39 de dossiers d'Archéologie 398, mars avril 2020.

Les Wisigoths eux-mêmes ont laissé deux textes juridiques essentiels : ce que l'on a improprement appelé la loi d'Euric et la Loi romaine des Wisigoths ou Bréviaire d'Alaric. Il est important de souligner que ces deux textes ont été rédigés en latin par des juristes romains et relève de la technique juridique romaine. Ils ne constituent donc pas la mise par écrit de coutumes germaniques, mais sont charactéristiques du droit provincial post-romain tel qu'il a été mis en évidence par Ernst Levy.

Fin de citation.

Donc, se souvenir de l'Empire, c'était simplement se souvenir de la loi et d'une administration efficace et bienfaisante, ça n'avait pas de dimension militairement expansionniste.

Autre mémoire de Rome très populaire au Moyen Âge, les légendes d'Énée et d'Arthus, de l'ancêtre de Jules César et d'un collègue de Syagrius en Britannia Maior.

L'un est la mémoire d'un vaincu et réfugié qui devient vainqueur, l'autre la mémoire d'un résistant victorieux qui finit vaincu par une faction des siens.

Quelque part, je ne crois pas que cet héritage de Rome du Moyen Âge était empoissonné. Par contre, depuis la Renaissance, on commence à regarder Cicéron, représentant d'un élite sénatoriale, et donc, me semble-t-il, d'une Quatrième Bête de Daniel. Et cet héritage a donné des fruits empoisonnés, comme en partie les Réformes protestantes, et en partie les velléités de rétablir la République (notamment très empoisonné en France entre 1792 et 1815, par exemple).

L'expansionnisme est une autre histoire, il y a eu des occasions quand l'expansion était juste.

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