vendredi 4 juin 2021

En défense de l'inerrance biblique / face à Spinoza, Swinburne, Wolterstorff & W.L. Craig


La Bible peut-elle être la "Parole de Dieu" ? [Spinoza, Swinburne, Wolterstorff & W.L. Craig]
25 sept. 2020 | Le Dieu de la Philo
https://www.youtube.com/watch?v=E968lklYYXI


I
1:26 Réponse à Spinoza : ce n'est pas forcément Luc, Mathieu, Moïse pour la plupart de la Genèse, Samuel pour le livre que les Hébreux donnent son nom, ou pas mal de ce livre (continué par Nathan, sans doute), et que les Catholiques divisent en I et II livre des Rois qui disent que Dieu parle.

Par contre, des Cohanim pour l'Ancient Testament et des Évêques catholiques pour le Nouveau Testament l'ont dit à leur place.

ET pour Moïse en Exode 20 ET pour Jérémie ET pour Isaïe ET pour Daniel. ET pour l'Apocalypse.

Car un livre peut prétendre de parler au nom de Dieu sans le faire.

"soit parole de Dieu, soit parole humaine" - un argument "qu'on ne considérait pas tellement avant le seizième siècle" ... et pour cause, l'idée sous-jacente "ça ne peut pas être les deux" est un bobard qu'une connaissance superficielle de Platon suffit à éliminer : si un objet concret est à la fois une idée et de la matière, ce qui vaut pour tous les objets selon Platon, alors un texte peut être à la fois la parole de Dieu et d'un homme.

II
2:09 "la bible semble contenir certaines erreurs ..."

Mais soit ne les contient pas, soit elles ne sont pas d'erreurs.

"La Bible adhère (ou semble adhérer) à une cosmologie antique qui est obsolète ..."



2:26 "événements ... pas forcement dans le même ordre"

  • a) peut être deux événements différents, mais du même type, donc de manière à se situer différemment dans l'ordre des événements (deux fois nettoyé le Temple des marchands, deux fois donné des pains et poissons miraculeusement multipliés aux foules)
  • b) ça peut être un renoncement à l'ordre strictement chronologique, comme quand la création de l'homme est raconté deux fois (Genèse 1:26-30, Genèse 2:7-25).


III
4:03 Contre Swinburne : ce n'est pas correct que les récits historiques de l'antiquité avaient un standard un peu plus faible.

Il était à la fois plus faible et plus fort.

  • a) il était plus faible dans le sens qu'on s'attendait des paroles des acteurs et des dialogues entre acteurs une parole intelligible dans le contexte, pas forcément une citation exacte, la chose cité pouvait l'être ad sensum et en d'autres mots (c'était conventionnel) et maintenant, on s'attend au contraire qu'une parole cité l'est exactement et que l'historien qui ne peut pas vérifier exactement s'abstient de citer ou discute les variantes dans les sources;
  • b) par contre il était plus fort dans le sens que la reconstruction du passé en dépit des sources, en les écartant, c'était un "faut pas" - quand le Que sais-je? "Les origines de Rome" était encore celui de Raymond Bloch, il reconstruisit par exemple que Romulus n'aurait pas existé, l'ère des rois se limite à Tarquin, Servius et Tarquin, et que la fondation de Rome avec poemerium aurait été faite par Tarquin l'Ancien. (Je n'ai pas lu celui d'Alexandre Grandazzi).


"aujourd'hui sur le plan académique seraient inacceptables"

Et vice versa. Avant la modernité, on pouvait certes dire d'une source qu'on ne la croyait pas, comme Paul le Diacre le fait avec le récit comment les Vinniles ont reçu la victoire par la décision de Godan quand leurs femmes portaient les cheveux comme des très longues barbes (je ne partage pas son analyse), mais on ne pouvait pas (à part vies parallèles par Plutarque, par exemple ce qu'il dit à certains endroits à propos Thésée) réconstruir une toute autre chose qui aurait eu lieu en lieu de ce que disent les sources.

IV
4:45 présuppositions vs assertions

Non, je ne peux pas accepter que la Bible ait été vrai dans ses assertions mais en contenant erreurs dans les présuppositions. À moins que tel chose soit marqué comme ça ou compréhensible comme ça en visant que la présupposition d'un interlocuteur contredit l'assertion.

Présupposition marqué : Actes 17:28 C'est en lui en effet que nous avons la vie, le mouvement et l'être, comme l'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : " Car nous sommes aussi de sa race. "

Présupposition su par comparaison : Luc 19:23 alors pourquoi n'as-tu pas mis mon argent à la banque ? Et à mon retour, je l'aurais recouvré avec un intérêt."
Comparer : Luc 6:35 Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour ; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, lui qui est bon pour les ingrats et les méchants.

Prêter sans d'espérer même de récupérer le capital est assertion, donc, recouvrir avec intérêt est présupposition culturelle.

4:59 L'historien romain qui dit que "le divin Auguste s'est rendu à Brindisi" a simplement tort (avec sa culture) en supposant qu'Auguste soit divin.

Ce genre d'erreur dans les présuppositions est exactement ce que la Bible ne peut pas contenir.

Un historien de mille ans et quelque plus tôt qui disait qu'Hercule, par exemple, "fils de Zeus, tua le lion de Némée" avait tort de croire Hercule fils de Zeus, mais a bien pu avoir raison qu'il ait tué le lion de Némée. S'il ajoute qu'Hercule "descendit et revint des Enfers, en emportant Cerbère, le chien des Enfers" il avait tort aussi quand à la visite aux Enfers. Et probablement pour ce qui est d'emporter un quelconque Cerbère aussi, à moins qu'Hercule ait fait un grand théâtre, par tour de passe-passe ou par aide des démons. Mais c'est plus probable qu'Hercule n'ait pas du tout fait les derniers deux oeuvres, et que ces récits sont un ajout par sa propre vantardise ou par flatterie.

6:13 "Les deux n'ont pas forcément voulu dire la même chose"

Aussi inacceptable. Dieu a certes pu vouloir dire davantage que ce que l'hagiographe (l'auteur humain) révélait à ses contemporains, mais Il n'a pas voulu dire une chose que l'hagiographe ait complètement ignoré.

Par exemple, le premier publique de l'Apocalypse n'a rien su du code ASCII, mais si le nombre de la bête est en effet à calculer selon les valeurs ASCII (en préférence majuscules, qui auraient été plus familiers pour St. Jean), alors Dieu a à la fois révélé le code ASCII à St. Jean et ordonné qu'il occulte ce détail, qu'on pourra trouver de nos jours qu'on a à la fois l'Apocalypse et le code ASCII.

Ou par exemple, le publique de Moïse pour la Genèse n'a rien su ni des fusées spatiales, ni d'hydrogène, mais si Dieu a voulu viser l'hydrogène dans l'espace avec les "eaux au-dessus du firmament" ou une fusée spatiale à étapes avec "une tour dont le cime atteindra le Ciel" alors Moïse l'a su aussi. Et il a su se taire là-dessus, mais aussi rien dire que le contredise directement.

V
6:38 C'est vrai qu'Origène, St. Grégoire de Nysse, et St. Augustin ont tous encouragé la lecture allégorique de la Bible.

C'est également vrai que, si Origène a la réputation de décourager la lecture littérale de la Bible, ce n'est pas du tout le cas de St. Augustin, et probablement pas le cas avec St. Grégoire de Nysse non plus.

Pour St. Augustin, il prend l'Arche de Noé, il dit que les Alexandrins (Origène notamment) encouragent une lecture allégorique en excluant la lettre, des Antiochéens par contre encouragent une lecture littérale sans allégories, mais pour être bon Catholique il faut les deux:
  • croire que tous qui étaient en dehors de l'Arche sont morts noyés
  • croire que tous qui meurent en dehors de l'Église (sens allégorique de l'Arche) sont damnés aux Enfers.


C'est donc un bobard assez classique que d'imaginer que le problème de l'inerrance pourrait trouver sa solution dans un lecture purement allégorique d'un récit proposé comme chapitre normal dans un livre historique.

6:47 Jésus dit que tout l'Ancien Testament le préfigure, ce qui est une lecture non-littérale de l'Ancien Testament, par contre, Il n'a grand jamais dit que l'Ancient Testament soit seulement un récit de Lui-Même en excluant les vies des gens que l'Ancien Testament décrit directement. Il n'a donc pas mis cette lecture non-littérale en rivalité avec la lecture littérale, présupposée comme étant de toute manière obligatoire.

VI
7:16 "une forme d’accommodation divine à une culture donnée, on peut y voir une double intention"

La double intention d'information littérale et d'allégorie sur le Christ est à la fois celle de Dieu et de l'hagiographe, et l'inerrance est dans les deux et dans les deux intentionnalités.

L'accommodation peut aller jusqu'à taire certaines chose (selon mon hypothèse Moïse a tu la différente formule chimique entre H2O et H2 ou encore évité de redonner vie au rêve fou de conquête spatiale que Nemrod ait pu nourrir, et St. Jean a tu le code ASCII), mais elle ne peut pas aller jusqu'à dire, que ce soit en assertion ou que ce soit en présupposition culturelle non marquée comme telle, une chose qui est erronée.

VII
8:15 Dieu a certes délégué aux hagiographes de faire telle histoire, aussi approprié le résultat - mais en le faisant, Il n'a pas pu déléguer ou approprier une erreur.

Imaginons que Moïse aurait été tenté de croire une version selon laquelle Adam et Ève n'auraient pas été les tous premiers hommes, Dieu l'a préservé de le mettre dans le Genèse. Parce qu'Il n'aurait pas pu approprier cette erreur.

Un pape ne parle pas par inspiration, mais par délégation et par appropriation, et dans ses définitions infaillibles, Dieu le préserve aussi d'erreurs.

9:10 Woltersdorff parle d'appropriation humaine, où effectivement être d'accord avec le coeur du message suffit - parce qu'un homme voulant dédier une chanson, ne le pouvant pas écrire lui-même, ne disposant pas d'un répertoire quasi infini et c. est obligé de se contenter avec ce qu'il peut trouver.

Si Dieu s'approprie un texte, il n'en est pas ainsi, parce que:

  • Il est capable de parler Lui-même (il y a des livres qui sont à proprement dire des prophéties plutôt que des livres historiques)
  • Il dispose d'un répertoire infini (pour les quatre Évangiles qu'Il s'approprie, il y a eu d'autres selon St. Luc que Dieu ne S'a pas approprié parce que Son Église ne les a pas reconnus comme canoniques)
  • Il est donc capable, dans le cas qu'Il ne choisit pas de parler Lui-même en prophétie, de trouver exactement ce qu'Il veut, et pour S'approprier un texte, Il S'oblige donc qu'il soit sans erreur.


VIII
11:04 Inspiration verbale et dictée ne sont pas à confondre.

St. Jean dans l'Apocalypse ou Moïse en partie de l'Exode reçoivent du dictée, mais St. Luc qui ne le reçoit pas, qui fait ses propres recherches, est également verbalement inspiré, de manière que par exemple, je dois être en désaccord avec une théorie médiévale que dans le chapitre 3 Luc aurait eu l'inadvertance de suivre un texte erronée des LXX.

Soit les manuscrits de St. Luc sans le Caïnan fils d'Arphaxad reflètent son texte manuscrit, soit la version typique des LXX reflète soit le texte, soit le texte avec sous-entendus de Moïse.

11:12 "machines d'inrégistrement purement passives"

WLCRAIG caricaturise la théorie d'inspiration verbale.

Ce que dit W. L. Craig est peut-être le cas parmi Calvinistes, mais certes pas avec Catholiques.

Il ne correspond pas non plus à ce qui se passe dans un cas type du dictée, l'Apocalypse : car St. Jean réagit à ce qu'il entend et voit.

Au contraire, libre arbitre de l'hagiographe et inspiration coopèrent comme le libre arbitre d'un pape voulant protéger l'Église d'erreur avec son grâce d'état.

Dans les deux cas, il n'y a pas de dictée, normalement, mais dans les deux cas, Dieu pourvoit à ce que l'écrivain qui l'est pour Sa cause n'y introduise point d'erreur. Pour l'infaillibilité papale, point d'erreur doctrinale suffit, pour l'inerrance biblique, pas d'erreurs factuels non plus.

IX
12:07 Que par exemple St. Luc ait utilisé ses compétences naturelles (plus la grâce) et que Dieu ait inspiré ses deux textes - rien du tout contre. C'est parfait.

Mais là, W. L. Craig ne dit pas que le résultat puisse contenir des erreurs. C'est le "philo" qui le met dedans, ou c'est une idée de WLC qui ne suit pas de cette bonne idée.

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